The Legendary Moonlight Sculptor

Depuis plusieurs années, le pays du matin frais assiste à l’émergence de mouvements pour la préservation de la culture coréenne. Par exemple, des textes et des traductions de livres occidentaux en langues régionales sont apparus pour la préservation des dialectes qui s’éteignent progressivement. La traduction du Petit Prince de Saint-Exupéry a permis de remettre sur le devant de la scène ces particularités de langage qui se perdent avec le temps. L’autrice Na Yoon Hee (나윤희) du Webtoon Golae Byeol – la princesse de Gyeongseong (Whale Star – 고래별 ~ 경성인어공주 -2019), a intégré le dialecte du Cholla-Do dans le Coréen du personnage principal Sua, une manière de montrer le combat journalier de la préservation de la langue coréenne pendant la colonisation japonaise. Pour préserver le pansori dans le temps, lui qui ne se transmettait qu’à l’oral, les coréens ont décidé de les transposer par être écrit pour conserver le son et les paroles d’origine.
Nam Heesung (남희성 – l’auteur original) et Kim Jun Hyeong (김준형 – Scénariste) ont décidé de se pencher sur une autre forme de la culture coréenne : les sculptures. Ils ont décidé de mettre en lumière cet art qui, selon leur premier tome, s’est perdu.
The Legendary Moonlight Sculptor (달빛 조각사 – Le légendaire sculpteur du clair de lune) raconte l’histoire de Lee Hyun, un jeune homme luttant pour survivre et sortir sa famille de la pauvreté. Après s’être rendu compte qu’en travaillant il ne pourrait plus jouer à son jeu vidéo, il prend la décision de vendre aux enchères son personnage au niveau et statistiques maximales du jeu. Il ne pensait pas que les enchères monteraient aussi haut et atteindrait les 3,09 milliards de wons (2,1 millions d’euros). Malheureusement pour lui, les dettes de son père le rattrape et il doit céder une grande partie de sa nouvelle fortune à ses persécuteurs. Avant de partir, l’un d’eux lui lance un défi : s’il réussit à gagner 3 millions de wons avant 5 ans, il appellera Lee Hyun “chef”. Le jeune homme accepte et se lance sur le nouveau jeu virtuel à succès mondial, Royal Road, prêt à devenir le meilleur et à revendre son personnage. Va-t-il réussir à embaucher cet argent ? Mais surtout, quelle est cette quête du Sculpteur de clair de lune légendaire qui semble être de plus en plus compliquée ?

Ce premier tome débute avec une interface de jeu vidéo, où les personnages y sont présentés comme s’il était possible pour le lecteur d’en sélectionner un. Cette introduction pose immédiatement le thème et le genre du livre. Le style graphique et la patte artistique, à la fois unique et marquante, sautent aux yeux dès les premières pages. Le mélange habile entre croquis et peinture confère au webcomic une identité visuelle distincte. Les traits volontairement floutés des personnages ajoutent une touche particulière à l’esthétique du webtoon.
Le monde de la pauvreté et les horreurs qui l’entourent constituent le deuxième thème majeur du livre. Il semble que l’auteur ait souhaité mettre en lumière ce côté sombre de la société coréenne, souvent occulté par la Hallyu et tout ce qu’elle représente. Le protagoniste vit avec sa grand-mère et sa sœur dans un logement délabré, et lutte sans relâche pour échapper à cette condition, avec l’espoir d’offrir à sa famille une vie meilleure.
Pour les amateurs de jeux vidéo et d’univers virtuels, The Legendary Moonlight Sculptor clarifie et définit les termes spécifiques qu’ils utilisent, offrant ainsi une meilleure compréhension et de son monde et de ses mécaniques. Une plongée en profondeur faisant découvrir
Ce webcomic met également en lumière un art souvent oublié : la sculpture. À travers la quête du protagoniste, l’auteur cherche à sensibiliser les lecteurs sur l’importance de préserver les formes d’arts traditionnels qui risquent de disparaître avec le temps. Dans un monde où l’art numérique et les technologies dominent, les disciplines ancestrales telles que la sculpture, la poterie, le pansori, sont menacées.
En faisant de la sculpture un élément central de l’intrigue, l’auteur semble rappeler l’importance de ne pas laisser ces traditions artistiques s’effacer au profit de la modernité.
Cette métaphore se retrouve aussi dans le personnage de Lee Hyun, qui doit lui-même ‘sculpter’ son avenir et celui de sa famille, en plus de devoir redonner vie à une pratique en déclin.

Par cette quête, ce tome interroge le rapport entre modernité technologique et héritage culturel, et souligne l’importance de préserver des pratiques artisanales comme la sculpture, qui, bien que sous-estimées, continuent de jouer un rôle fondamental dans l’expression artistique et l’histoire d’une société.
Ce webcomic, centré sur la vengeance et le pari d’un jeune homme, plonge les lecteurs dans un monde virtuel où sa quête, issue de la plus belle romance du royaume de Rosenheim, vise à sauver un art ancestral en voie de disparition : la sculpture.
Alors, êtes-vous prêt à plonger dans un scénario à la fois triste et fantastique ? Et surtout, êtes-vous prêt à suivre la quête du Sculpteur de Lune, sans savoir où elle vous conduira ni si vous parviendrez à vous distinguer par votre talent pour la sculpture ?
À savoir : Un jeux vidéo issu de ce webcomic et novel est disponible en Corée.
The Legendary Moonlight Sculptor
Scénariste, Kim Jun Hyeong (김준형)
Oeuvre originale, Nam Hee Seong (남희성)
Dessin, Kim Tae Hyeong (남희성)
KBOOKS, 2024
240 pages, 14,95€
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