Manuel de survie du touriste à Séoul

Rêvez-vous de partir en Corée du Sud, et plus particulièrement, à Séoul ?
Si c’est le cas, laissez vous guider pas à pas par Anne-Claire Duval et Céline Di Bartoloméo pour réussir votre voyage sans mauvaises surprises. Dans leur ouvrage Manuel de survie d’un touriste à Séoul, elles partagent avec vous des points culturels essentiels, des lieux incontournables à visiter, mais également des astuces et un précieux vocabulaire coréen. De la préparation du voyage, au retour en France, elles nous guident à travers cinq catégories : se préparer, se déplacer, quotidien, manger, se divertir, et à connaître.
Cette nouvelle parution des éditions Ynnis, dans la collection tourisme, s’apparente à un véritable manuel pratique dédié à un voyage à Séoul. L’ouvrage séduit par son esthétique soignée : illustrations attrayantes, mises en pages claires et épurées, couleurs pâles. Imprimé sur un papier glacé, il donne presque envie de le préserver intact, tant nous hésitons à y interagir, à y écrire, à y agrafer ou à y coller des éléments.
Et pourtant, il faut savoir que ce manuel est conçu pour être interactif. Les autrices en font non seulement un guide touristique, mais également un véritable carnet de souvenir de voyage. Pour faciliter la mémorisation et l’apprentissage du coréen, il intègre même plusieurs mini-jeux, rendant cela ludique et permettant de s’entraîner pour des situations réelles.
Pour ceux qui n’ont aucune connaissance préalable du coréen, pas de panique : Céline nous guide pas à pas, en commençant par les bases de cette langue ouralo-altaïque : les voyelles, les consonnes, ainsi que la manière de les combiner. Constitué de plusieurs pages d’explication, c’est presque un véritable cours pour débutants. Tout au long de l’ouvrage, Céline nous donne du vocabulaire et des phrases qui peuvent être retrouvées classées par thème dans l’annexe. Un atout pratique lorsque nous cherchons un mot ou une expression précise.

De son côté, Anne-Claire aborde plusieurs aspects culturels pour permettre aux amateurs de la Corée de mieux comprendre les idéologies qui y prédominent et les actions mal appréciées dans ce pays. Elle décrit avec une certaine précision les trois grandes villes de la péninsule, ainsi que les différents quartiers de Séoul. Véritable travail touristique mêlant points historiques et présentation géographique, ses écrits permettent d’identifier les lieux les plus intéressants et plaisants à visiter selon nos préférences.
L’un des points forts de ce manuel réside dans les diverses propositions d’activités en lien avec les différents quartiers. Pour un voyage de courte durée, cela permet de cibler les lieux et les loisirs qui nous semblent les plus pertinents. Chaque activité est présentée en détail, avec adresses, tarifs et horaires d’ouverture. Même si la majorité concerne des sites touristiques emblématiques, ces indications s’avèrent précieuses, tant pour ceux qui découvrent la Corée du Sud pour la première fois, que pour les voyageurs aguerris.
Je n’ai pas lu Manuel de survie d’un touriste à Tokyo, mais le plus gros point fort dans celui consacré à Séoul est la clarté et la fluidité des explications. Tout est présenté étape par étape, afin de guider le lecteur dans les démarches à effectuer. Que ce soit avant le départ (le passeport, le visa, ect.), pour recharger sa carte T-Money ou encore pour visiter certains lieux. C’est vraiment idéal pour celles et ceux qui appréhendent l’idée de voyager en Asie, surtout s’il s’agit de leur premier séjour.
Par ailleurs, ne vous attendez pas à un ouvrage couvrant l’ensemble de la péninsule coréenne : comme son nom l’indique, ce guide se concentre exclusivement sur sa capitale, Séoul.
Toutefois, pour les lecteurs s’intéressant à la Corée du Nord, quelques pages lui sont entièrement consacrées, abordant la séparation du pays et le tourisme autour du 38ᵉ parallèle. C’est un ajout que je trouve indispensable à une compréhension de la culture coréenne contemporaine. Même si l’approche reste concise, les éléments essentiels clés y sont écrits.

Si vous êtes à la recherche de conseils pratiques, ce manuel en regorge : comment s’habiller selon les saisons, trouver un logement adapté, adopter les bons comportements sur place, éviter les stéréotypes, prendre le métro, et bien plus encore. Le tout est accompagné d’explications claires, de notes utiles, d’applications à télécharger et de cartes (beaucoup de cartes) pour mieux s’orienter.
Dans la catégorie « manger », Anne-Claire Duval n’oublie pas les personnes disposant de régimes alimentaires particuliers. Une page est dédiée aux végans, et une autre pour ceux mangeant halal et casher. Une démarche inclusive qui saura séduire les lecteurs concernés.
Cela dit, certains aspects du Manuel de survie du touriste à Séoul auraient gagné à être développés davantage, notamment sur le plan culturel. Peut-être est-ce ma passion pour l’histoire coréenne qui parle, mais j’aurais aimé, par exemple, qu’Anne-Claire explique l’origine taoïste du drapeau coréen, le taegeukgi (태극기), ou encore de quelle croyance provient le Haetae (해태), présenté comme un symbole sans que ses racines soient précisées.
De plus, la section sur les symboles comprend un petit paragraphe sur les relations entre la Corée et le Japon. Je n’ai pas trouvé ce placement très pertinent : ce sujet mériterait, selon moi, une ou deux pages dédiées. Certains sujets sensibles, comme la question de l’île de Dokto (Rochers de Liancourt – 독도) ou celle des femmes de réconfort, sont essentiels à connaître pour éviter les maladresses lors d’échanges avec les Coréens. En Corée du Sud, de nombreux bâtiments, monuments et musées témoignent encore aujourd’hui des périodes douloureuses de colonisations japonaises. Il me semble donc important de les mentionner plus en détail que deux lignes. Cela dit, il est vrai que les auteures de ce guide, déjà dense et riche en informations, ont dû faire des choix pour ne pas alourdir l’ensemble.

Je trouve également que Manuel de survie du touriste à Séoul accorde une place importante aux lieux liés au bouddhisme. Pourtant, il est bon de rappeler que la Corée du Sud abrite la plus grande église protestante du monde et que le christianisme est aujourd’hui la religion majoritaire dans le pays. Il aurait donc été pertinent de diversifier les lieux religieux et de proposer une représentation plus équilibrée de celles présentes sur le territoire (taoïsme, chamanisme, etc.). J’estime également qu’il aurait été essentiel d’aborder la question des sectes, un phénomène prenant de plus en plus d’ampleur en Corée du Sud, et les dangers que cela peut représenter pour les visiteurs non informés.
J’ai remarqué une petite imprécision linguistique au fil de ma lecture. Il est mentionné que le coréen est une langue non genrée, ce qui est globalement vrai sur le plan grammatical. Cependant, il convient de nuancer cette affirmation, car certains termes sont socialement associés à un genre. Par exemple, l’adjectif 예쁘다 (“joli”) est généralement utilisé pour décrire une femme, tandis que 잘생기다 (“beau”) s’emploie surtout pour parler d’un homme. Une subtilité culturelle importante à prendre en compte lorsque nous apprenons la langue, et sur laquelle s’est penchée la professeure Joung Eun Rim (정은림), notamment dans ses travaux comme « Dire le genre en langue coréenne », publié dans Le féminin et le masculin dans la langue, L’écriture inclusive en questions ( dir. Danièle Manesse & Gilles Siouffi , Paris, ESF Sciences Humaines, 2019).
Je trouve également que certains éléments sur l’apprentissage du coréen pourraient prêter à confusion pour les débutants. Par exemple, on présente la formule « – 어디에 있어요 ? », pour demander où se situe un lieu, mais en dessous, Céline donne une autre tournure avec « 화장실 어디에요 ? » pour demander où sont les toilettes. Pour plus de clarté et de cohérence, il aurait été judicieux d’uniformiser les exemples, en conservant la structure « 화장실 어디에 있어요 ? », comme expliqué précédemment.

Dernier point négatif : à la lecture, j’ai relevé plusieurs phrases ou tournures qui se répètent. Ce n’est pas particulièrement gênant, mais cela peut rapidement donner une impression de redondance, notamment pour le lectorat francophone sensible au style. Par exemple, l’adjectif « enchanteur » est utilisé deux fois à quelques paragraphes d’intervalle, juxtaposé sur la même page (page 44), pour décrire un lieu, ce qui affaiblit la richesse lexicale.
Enfin, la fin du guide m’a laissée quelque peu sur ma faim. Elle semble un peu précipitée, avec notamment une page dédiée aux souvenirs à rapporter de Séoul, que j’aurais facilement pu manquer si je n’avais pas lu l’ouvrage dans son entièreté. Une clôture plus en douceur avec une synthèse générale aurait permis, à mon humble avis, de mieux conclure l’ouvrage.
Manuel de survie du touriste à Séoul est très complet, et j’ai particulièrement apprécié les catégories « se divertir » et « quotidien ». J’aurais sincèrement aimé l’avoir entre mes mains lors de mon tout premier voyage à Séoul seule. Tout ce qui est expliqué dans ce guide, je l’ai appris par moi-même, en lisant des blogs, en visionnant des vlogs, ou simplement en me confrontant à la réalité sur le terrain.
C’est pourquoi je le recommande vivement à toutes celles et ceux qui souhaitent voyager en Corée du Sud, mais ne savent pas par où commencer. Ce manuel offre des explications claires, précises et structurées sur toutes les démarches à suivre pour vivre pleinement votre aventure coréenne.
Alors, êtes-vous prêt pour votre voyage dans la merveilleuse ville de Séoul ?
Manuel de Survie du touriste à Séoul
Culture, histoire, tourisme, Anne-Claire DUVAL
Coréen, Céline DI BARTOLOMEO
YNNIS éditions, 2025
160 pages, 19.50€
192 x 270 mm
Partager cet article :
Laisser un commentaire