Les femmes de réconfort
Dans cet articles nous allons parler des « femmes de réconfort », qui est le nom donné par les militaires de l’armée japonaise aux femmes utilisées comme esclaves sexuelles au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
Les « femmes de réconfort » seraient apparues en 1932, où l’on offrait aux militaires des lieux avec différents services sexuels. Pour les militaires et les autorités, ces lieux servaient notamment à fournir aux soldats une activité récréative, à déjouer les tentatives d’espionnages, mais également à réduire le nombre de viol dans les zones de stationnement de l’armée. Alors que pour les victimes de ces violences, c’était une tactique pour anéantir des vies et terroriser le camp adverse.
Le gouvernement japonais a bel et bien apporté des solutions et des compensations, mais selon beaucoup, cela a été fait trop tard et elles n’étaient pas à la hauteur de l’horreur des évènements. Malheureusement, au vu de la situation géopolitique et géostratégique de la Corée du Sud et des récents évènements survenus en Asie du nord-est, le sujet des « femmes de réconfort » est souvent passé à la trappe à cause des aléas diplomatiques, territoriaux et géographiques. Aujourd’hui, on estime qu’entre 10 000 et 200 000 femmes de différents pays étaient concernées. Ces femmes ont gardé le silence pendant plus de 50 ans par honte et à cause du traumatisme qu’elles ont subi.

Dans une première partie, nous allons nous concentrer sur la répression des crimes sexuels au cours de l’histoire et dans différents contextes. Face aux crimes commis lors de la Seconde Guerre Mondiale, les accords reconnaissent trois types de crimes internationaux : crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Aucun ne prend en compte les crimes sexuels. Il faudra donc attendre 1977 avec le protocole de la Convention de Genève pour que ces crimes soient reconnus par la Cour Pénale Internationale (CPI), avec un article prévoyant la protection des civils et notamment des femmes contre les crimes sexuels. Mais la CPI ne gère pas tous les pays, la Cour Pénale Internationale du Rwanda n’étant pas concernée elle va donc en créer un qui classe les crimes sexuels comme crimes contre l’humanité. Il en va de même pour la Cour Pénale Internationale de l’ex-Yougoslavie qui l’a classé dans la catégorie des crimes de guerre.
Le mouvement féministe a joué un rôle important dans l’établissement de ces textes, en appuyant le fait que le viol doit être explicitement inscrit dans le texte et qu’il doit être un chef d’accusation. Concernant les crimes commis sur le continent asiatique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, il faut se référer à la charte du Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient qui reconnait les trois même types de crimes cités plus haut, sans évocation de violence ou d’esclavage sexuel. Le Japon s’est quant à lui défendu en disant que les textes interdisant l’esclavage sexuel ne sont apparus qu’après la Seconde Guerre Mondiale.
Puisque les faits remontent à longtemps, aucune poursuite n’est envisageable devant la CPI. Mais comme tout traumatisme, la reconnaissance des faits sur le plan juridique ne suffit pas, il faut effectuer un véritable travail de réparation.

Dans cette seconde partie nous allons nous concentrer sur les aléas diplomatiques qu’à subi ce processus de réparation, ainsi que la mise à l’écart de la société civile. A la fin de la guerre, les accords de Paix signé en 1951 appuient le fait que le Japon doit dédommager les Alliés pour les « souffrances et dommages causés pendant la guerre ». Mais cette obligation est partie en fumée avec les négociations entre le Japon et les Etats colonisés. Ce n’est qu’en 1965 que la réconciliation entre la Corée du Sud et le Japon démarre. Afin d’apporter une réponse rapide et de classer ce sujet épineux, le gouvernement japonais propose de créer un fond de 800 millions de yens. Cependant, il faudra tout de même attendre 1993 pour que de premières excuses officielles soient prononcées, mais elles laissent un goût amer car le Secrétaire Général Adjoint japonais de l’époque, va remettre la faute sur les cocontractants privés de l’armée et non sur l’armée elle-même.
Cependant, aujourd’hui des articles publiés dans la presse japonaise remettent en question l’existence des « femmes de réconfort ». De même qu’en 2016, l’Adjoint au ministre des Affaires Etrangères japonais aurait souligné le manque de documents confirmant l’existence des « femmes de réconfort ». La première femme à avoir publiquement pris la parole est Kim Hak Soon, en 1991, révoltant l’opinion public et rassemblant les femmes victimes de ces actes. Ces femmes ont créé des associations, organisé des manifestations et exercé plusieurs recours (tous soldé par un échec). En 2000 un tribunal en leur nom a été organisé par l’association VANET (Violence against Women in War Network). Là encore, cela n’a mené à rien.
Ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard que les accords de 2015 auront lieu entre la Corée du Sud et le Japon. Et la fermeture de l’affaire par le ministre des Affaires coréen va essuyer un grand nombre de critiques de la part de la société civile :
– La première concerne le fait que la société civile n’a pas été consultée. Les victimes de ces violences n’ont pas été incluses dans les négociations concernant la réparation.
– La deuxième concerne l’impunité, la responsabilité juridique des agresseurs, parfois encore vivants, n’a pas été évoquée.
– Enfin, la troisième concerne l’éducation car les livres d’histoire japonais actuels occultent entièrement l’existence des « femmes de réconfort ».
Pour conclure, nous remarquons qu’il y a de cela un siècle les violences sexuelles n’étaient pas punis par la loi et n’étaient pas considérées comme un crime. Il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour que des textes soient édités à ce sujet. Mais même avec ces textes, il reste difficile de demander des compensations, notamment lorsque les faits remontent à plusieurs années. Le combat des femmes dans la reconnaissance est plus long et compliqué qu’il n’y parait, surtout dans le cas des « femmes de réconfort », où, suite au traumatisme qu’elles ont subi étant plus jeune, et en plus d’un travail juridique, il leur faut le soutient et l’aide nécessaire pour pouvoir passer à autre chose et avancer dans leur vie.
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